Melissa McBride se confie...
























Avec la sortie des coffrets DVD et Bluray de la saison 3, c'est l'occasion pour Allociné d'interviewer Melissa McBride, l'actrice qui interprète Carol dans la série...


AlloCine : Quelle est la première chose qui vous vient à l'esprit quand vous pensez à "The Walking Dead" ?
Melissa McBride : La première chose ? (Silence) Je dirais à quel point cette aventure est magnifique, cette série a tout changé pour moi. En quelque sorte ce qui arrive aux personnages est un miroir de ce qui nous est arrivé à nous, acteurs.

Quelle est la meilleure scène pour Carol depuis le début de la série ?
Elle n'est pas aussi présente que d'autres personnages. Mais j'ai tout de même l'impression que ses scènes sont toujours lourdes émotionnellement. (Silence) Je ne sais pas répondre à votre question. Je revois tellement de scènes, et pour des raisons différentes.

Personnellement je pense que la scène de l'ouverture de la grange dans la seconde moitié de la saison 2 est la plus difficile pour votre personnage...
Oui c'était effectivement une scène éprouvante à jouer. Pour Carol, c'était la deuxième fois qu'elle perdait sa fille. La première, lorsque Sophia se perd au milieu des voitures au début de la saison 2, était pour les mêmes raisons très compliquée. Sans doute parce qu'avec la multiplication des prises on doit tenir et répéter ces émotions tout au long de la journée.

Quel est le pire souvenir sur le tournage ?
Au début du tournage de la saison 2, j'ai été piquée par des parasites. Et ces petites bêtes adorent s'attaquer à des endroits cachés, isolés, comme sous le soutien-gorge par exemple. J'ai eu un traitement... et les marques ne sont toujours pas parties ! (Rire) De temps en temps cela me démange et, apparemment, c'est commun pour ces morsures. Mon traitement a couru pendant tout le tournage de la saison 2, j'ai même dû prendre des stéroïdes, de fortes doses. Et ces médicaments ont eu quelques conséquences sur mes nerfs et mon cerveau. J'ai gonflé, j'ai eu des épanchements. On peut le voir dans une scène de la saison 2 avec Sarah Wayne Callies dans laquelle je lui dis de ne pas me traiter avec condescendance... Donc le plus pénible jusque-là concernant le tournage, ça a été ce traitement lourd que j'ai dû subir.

La relation entre Carol et Daryl est étonnante, et touchante. On peut l'interpréter comme une relation amoureuse, de l'amitié ou la voir sous un angle frère / soeur. Quel est votre point de vue sur leur relation ?
Ce sont tous les deux des compagnons d'infortune, de survie. Ils sont très proches l'un de l'autre, veillent l'un sur l'autre mais surtout ont une relation très forte qui ne nécessite pas forcément de mots. Ils sont des confidents et des amis très proches, plus proches de n'importe qui d'autre. Ils se comprennent, mais n'ont pas forcément besoin de se parler.

Quand les personnages de la série disparaissent, ce sont aussi des comédiens que vous voyez partir. Comment gère-t-on ces départs successifs et nombreux ?
Je ne suis pas très douée avec les adieux. Sur The Walking Dead, nous sommes devenus comme une petit communauté, une famille. Les journées sont très longues et lorsque nous avons des jours de repos, nous trainons ensemble. Nous avons vraiment beaucoup de chance : chaque membre de la distribution est, à titre individuel, gentil et généreux. Chaque départ est à la fois un crève-coeur et dans le même temps nous savons que la personne en partance va réaliser de belles choses dans sa prochaine aventure. Alors oui je préférerais que personne ne parte, mais c'est beau de les voir se réaliser ailleurs. C'est un drôle de petit conflit intérieur. Heureusement le temps guérit tout.

Est-ce parce que vous êtes personnellement attachée à vos camarades de jeu que vous restez sur le plateau même en dehors de vos heures de tournage ?
J'aime voir mes camarades de jeu au travail, assister aux scènes où mon personnage n'apparaît pas. J'aime aussi voir un comédien jouer, cette dimension quasi métaphysique de la création. C'est quelque chose de mystérieux, d'impalpable.

Avant de devenir comédienne, vous avez été directrice de casting. Là encore c'est parce que vous aimez les comédiens ?
Je suis vraiment fascinée par ce mystère du jeu. Etudier et comprendre comment un acteur réussit à être visible sans l'être. L'acteur est un paradoxe. Et j'aime cela. Comme dans la vie. Devenir comédienne après avoir été directrice de casting, ce n'était pas par recherche de gloire ou de richesse mais plus pour percer ce mystère, avoir des réponses à mes questions. J'aime le processus de jeu, échanger avec les comédiens, essayer de les comprendre, que ce soit en tant que comédienne ou directrice de casting. Le personnage de Carol me permet en outre de me pousser, de me tester. Et je n'avance que dans le challenge.

"The Walking Dead" est une série éprouvante à tourner apparemment. J'ai lu que pour la dernière scène de la saison 2, vous deviez vous asseoir entre chaque prise pour récupérer. Pourquoi est-ce une série aussi dure à mettre en boîte ?
C'est une combinaison de beaucoup de facteurs. Je pense d'abord aux conditions, la météo, les températures peuvent être extrêmes, dans les deux sens. Et puis les insectes bien sûr... Émotionnellement, c'est aussi une série très exigeante, comme je le disais plus tôt. Bien entendu, je ne peux pas dire que les activités physiques de Carol soient particulièrement éprouvantes, même si elle se dépense bien davantage lors de la saison 3.

Vous ne tournez pas à New York ou à Los Angeles. Vous tournez en dehors du système en quelque sorte. Est-ce que cela crée un sentiment d'unité particulier ?
Nous sommes une communauté. Frank Darabont, qui a mis sur pied cette série, et les producteurs ont réuni une distribution et une équipe partageant tous le même état d'esprit. Ils ont ce sens inné pour rassembler des gens qui se sentent unis. Nous nous sentons comme des mousquetaires, tous pour un et un pour tous. Et pas un seul acteur n'a le moindre degré d'égocentrisme. Et croyez-moi, c'est assez rare dans ce milieu. Ce sentiment est-il né de chacun des membres du groupe ou est-ce que la dynamique de groupe a créé cela ? Je ne sais pas...

Greg Nicotero, un des producteurs de la série, a dit dans une interview que votre personnage était censé mourir dans le 4ème épisode de la saison 3. Vous étiez au courant ?
Oui ! (Rire) C'était assez étonnant de recevoir un appel de la production m'annonçant qu'ils allaient tuer Carol. J'ai tout de suite pensé que c'était une tragédie pour cette femme. Et c'est exactement ce que j'ai dit à Greg. Carol ne voulait qu'une seule chose : grandir. Sa mort allait l'empêcher de connaître ce bonheur ou de réaliser la moindre chose, elle qui empilait toutes ces cassettes de discours de motivation...

C'est votre réaction qui l'a sauvée ?
Je ne pense pas (Rire) Je ne réfléchissais pas à cela sur le moment. Je parlais simplement pour elle, je constatais son malheur. Je suis contente qu'elle ait survécu, même si je suis triste du sort réservé à T-Dog, joué par IronE Singleton, une personne magnifique et qui me manque.

A votre propos, Norman Reedus, qui joue Daryl dans la série, a déclaré : "Melissa est une excellente actrice et une des plus fortes aussi. Elle exprime énormément de choses simplement avec son visage et j'aime beaucoup la subtilité de son jeu. C'est très puissant et elle est très forte dans cette partition".

Wouah... C'est très gentil à lui de dire cela. J'aime profondément travailler avec Norman Reedus, il est toujours surprenant. Je n'aime pas trop répéter, il est pareil. Et il s'amuse beaucoup. Pour en revenir à notre relation, je ne sais pas exactement comment la définir. Mais je ne la vois certainement pas comme une relation mère/fils ou un rapport fraternel. Leur relation est juste belle. Nous n'avons pas besoin de la définir.

Texte copié/collé de cet article de Allociné : http://oua.be/18zu